Si nous étions en République, une agression sexuelle ne serait pas au centre des débats lors d’une élection municipale. Respectueux en effet de nos principes constitutionnels et de notre attachement aux droits humains, nos gouvernants auraient depuis longtemps mis tout en œuvre pour éradiquer le fléau des violences sexistes et sexuelles ; et si, malgré les efforts, de tels faits advenaient encore, il ne serait plus possible que les défaillances de nos politiques dans ce domaine conduisent à transformer tout un village en juge d’une affaire dont il ne connait rien, vingt ans après les faits.
En France, 250 000 personnes sont victimes chaque année d’agressions sexuelles ; seules 5 % portent plainte ; 86 % des plaintes pour violences sexuelles sont classées sans suite… et pourtant, l’État met près de 15 fois moins de moyens que ce qu’estiment nécessaire les associations, malgré les manifestations massives que cette coupable indifférence suscite. Le scandale fait des dégâts partout en France, comme à Brassy, commune du Morvan où se tiendront dimanche des élections municipales.
La médiatisation par l’avocat de Romain Beaucher, tête de l’une des trois listes qui se présentent, de l’agression sexuelle dont son client déclare être victime de la part d’Emmanuel Monnier, son adversaire soutenu par le maire démissionnaire, est d’abord la preuve que nos gouvernants ont failli à leur engagement contre des violences sexistes et sexuelles, “grande cause” du quinquennat. L’énormité du scandale, démontré par les chiffres du gouvernement lui-même, rend la médiatisation de chaque affaire plus douloureuse pour toutes les victimes.
La démocratie locale en subit, par contrecoup, les conséquences, a fortiori en ruralité où presque tout le monde connait tout le monde. Du bilan du conseil sortant de Brassy, des engagements politiques des candidat·es, des programmes pour le village, il aura été très peu question. Voilà ci-dessous les publications des trois listes que nous avons pu nous procurer. Elles sont au moins une base pour poursuivre le débat dans le cadre des compétences des conseils municipaux. De nouvelles élections auront lieu dans deux ans.