Le billet d’humeur de la semaine du Dr Christophe Prudhomme
Le gouvernement profite de la focalisation de l’attention sur les retraites pour accélérer ses opérations de casse de l’hôpital public. L’utilisation du 49-3 a imposé un budget hospitalier qui ne couvre pas l’inflation, ce qui mathématiquement va entraîner des plans d’économies avec des fermetures de lits et des suppressions de postes.
À cela s’ajoute, le refus de supprimer Parcoursup pour l’entrée dans les écoles professionnelles des métiers de la santé, qui est à l’origine d’un taux d’abandon et d’échec qui atteint notamment 25 % pour la formation infirmière. Les difficultés d’embauche s’aggravent avec un abandon du métier, en particulier chez les aides-soignants·es et les infirmier·es du fait de conditions de travail qui font perdre tout sens à ce dernier et de niveaux de rémunération très en-dessous de ce qui est attendu du fait de l’utilité sociale de ces métiers. Cerise sur le gâteau, la réforme des retraites qui nie la pénibilité de ces professions. La situation la plus scandaleuse est celle des infirmier.e.s qui après avoir perdu la bonification de 5 ans lors du passage de Roselyne Bachelot au ministère de la Santé, seront obligé·es de travailler 9 ans de plus qu’il y a 20 ans. Comment accepter cela alors que près de 40 % des aides-soignant·es et environ 20 % des infirmier·es partent a la retraite avec un taux d’invalidité plus ou moins important ?
Deux nouvelles attaques ont été initiées ces dernières semaines. Tout d’abord, le rapport préconisant la fermeture de 100 maternités, rédigé par un professeur parisien, champion de l’activité privée à l’hôpital public, qui facture l’accouchement à 2 000 euros en dépassement d’honoraires. Comment accepter l’argument de la sécurité quand cela se traduira par le fait que plus d’un tiers des femmes en âge d’accoucher se retrouveront à plus de 45 minutes de route d’une maternité. Ensuite vient l’application brutale des mesures concernant l’intérim à l’hôpital, sans aucune mesure d’accompagnement, qui va se traduire selon les directeurs d’hôpitaux par la fermeture de centaines de services ?
Ces exemples sont la preuve que le gouvernement mène une stratégie très bien construite pour fermer environ 150 hôpitaux sur l’ensemble du territoire. La perversité est inscrite dans la loi Buzyn qui dénomme ces établissements “hôpitaux de proximité”. Ils ne seront en fait plus que des structures pour personnes âgées sans maternité, ni chirurgie, ni service d’urgence. Dans le même temps, les ARS facilitent la réorganisation du secteur privé lucratif en leur octroyant des autorisations d’activité sans aucune contrainte de service public et qui subventionne largement ses opérations de restructuration.
De nombreuses mobilisations ont eu lieu mais elles restent locales et non coordonnées. Il est urgent que cette question devienne une priorité politique nationale afin de pouvoir s’y opposer comme sur le dossier des retraites. Il y a urgence avant qu’il ne soit trop tard.