À la veille de la mobilisation des enseignants à l’appel de l’intersyndicale le 1er février, la Fédération nationale de la Libre Pensée publie une tribune dans le Club de Mediapart, en réaction aux récentes déclarations de la ministre de l’Éducation Nationale, qui “ne constituent pas une bévue”, et en défense de l’école publique. Parmi les premiers signataires, des enseignants, des universitaires, des chercheurs, des syndicalistes, des représentants d’associations de parents d’élèves et des élus, dont plusieurs députés insoumis et des élus locaux comme le Nivernais Nicolas Smilevitch, maire de Brinon-sur-Beuvron. Nous en reproduisons ci-dessous le texte.
« En pensant que changer d’école de “proximité” en allant au collège Stanislas, en mettant ses enfants dans un établissement privé parce qu’elle peut payer, oubliant que cet établissement est largement payé par des fonds publics détournés de leur mission d’origine par la Loi Debré, Amélie Oudéa-Castéra révèle l’ordinaire séparatiste des riches : utiliser le service public et le dénoncer, bénéficier de ses avantages, et les décrier. Ses déclarations illustrent tout-à-fait que les riches vivent dans leur monde et ne voient même plus que leurs privilèges sont obscènes.
L’École publique va mal. Pas à cause de ses enseignants, dont le revenu ne cesse de baisser. Pas à cause de ses élèves, quand souvent l’école est le dernier service public qui s’occupe d’eux. L’École publique va mal parce qu’elle est abandonnée par la puissance publique.
L’École publique est pourtant la richesse de ceux qui n’en ont pas. La scolarité obligatoire, laïque et gratuite constitue une conquête immense de la République. Aujourd’hui, démunie, elle voit l’enseignement privé bénéficier de 12 milliards de subventions publiques par an, quand il y aurait tant à faire dans les quartiers pour rénover les établissements, donner les moyens d’une éducation proche des élèves.
L’École publique est pourtant la chance de ceux qui n’en ont pas. Elle accueille tous les enfants, sans considération de revenus, de religion. Elle est gratuite, de la maternelle à l’université en passant par les classes préparatoires, là où le marché de l’enseignement privé devient de plus en plus lucratif.
L’École publique est pourtant l’avenir de ceux qui n’en ont pas. Par elle, ceux qui pourtant n’habitent pas entre l’école alsacienne, le collège Stanislas et la rue des Saint-Pères, peuvent avoir accès à des centaines de milliers d’enseignants prêts à leur donner l’envie d’apprendre.
Dénigrée, on lui oppose les établissements privés qui bénéficient et de l’aide publique et de l’argent des familles et peuvent discriminer les élèves pour ne retenir que ceux qui leur conviennent.
➔ Il est temps que les provocations séparatistes du privé cessent.
➔ Il est temps que celles et ceux qui sont attachés à l’école publique agissent pour la défendre.
➔ Il est temps que les fonds publics n’aillent qu’à l’École publique.
À la veille de la mobilisation des enseignants à l’appel de l’intersyndicale le 1er février , nous le disons bien fort : que vive l’École publique ! »