Un rapport de la Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique souligne les risques des relations publiques et privées dans la recherche. Le premier risque pointé est celui du financement des activités de recherche, situation qui résulte de différentes lois, dont la loi de réforme de l’hôpital de 2009, dite Bachelot, qui a créé les fameux Instituts hospitalo-universitaires dont celui de Marseille mis en lumière par le Pr Raoult.
En effet, ce sont des structures de droit privé, avec du personnel universitaire, dont le financement est en grande partie assuré par le biais de fondations accolées aux universités, qui collectent des fonds auprès des entreprises, lesquelles peuvent ainsi profiter de la recherche publique au moindre coût.
Le rapport indique que le financement par des acteurs privés des travaux de recherche permet par exemple d’insérer des clauses de confidentialité « interdisant au chercheur de divulguer les résultats, y compris ceux qui pourraient avoir un intérêt direct et urgent pour la santé publique ou l’environnement ». Un autre élément inquiétant cité est le fait que le financeur peut également décider de ne soutenir que certains résultats qui lui seraient bénéfiques, ce qui peut inciter les chercheurs à « biaiser leurs résultats afin de plaire au financeur ».
D’autres moyens peuvent être utilisés par les acteurs privés pour contrôler la recherche comme leur contribution à la définition des orientations scientifiques de la recherche en s’impliquant dans la politique de programmation des structures qu’elles financent, selon l’adage cher aux capitalistes du « qui paye, décide ». Un autre mode d’influence au niveau international est la création de revues scientifiques dont ils peuvent contrôler le contenu, notamment les thématiques des articles publiés. Or la publication d’articles revêt une très grande importance pour la carrière des chercheurs qui auront alors tendance à proposer des textes qui plaisent aux éditeurs. La conséquence est clairement énoncée : « Certaines recherches ou normes d’expertises sont délaissées au bénéfice de celles favorisant le secteur industriel. »
Après cette analyse très claire sur les dangers que représentent ce financement privé, nous ne pouvons qu’être déçus par les préconisations qui évoquent certes une révision du financement de la recherche publique ainsi qu’une évaluation réglementaire des risques, mais qui concluent qu’il est important de regarder ce que prévoient les contrats de recherche et de partenariat.
La question n’est pas celle du contrôle mais bien celui du financement public qui ne cesse de se réduire. Ainsi le budget du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a vu son budget amputé de 904 millions d’euros en 2024, dans le cadre du plan d’économies des dépenses publiques imposé par Bruno Lemaire et Emmanuel Macron.
Si nous laissons faire pour 2025 la saignée risque d’être encore plus sévère. Il est donc urgent, dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, qu’un autre gouvernement prenne rapidement la place de celui qui a démissionné il y a maintenant plusieurs semaines, pour redonner les moyens nécessaires à une recherche publique indépendante.