Alors que nous manquons de médecins et que les bacheliers qui souhaitent débuter des études dans les métiers de la santé ne manquent pas, rien n’est fait pour leur faciliter la tâche. Non seulement ils sont soumis à une sélection drastique au niveau de Parcoursup, mais ils sont confrontés à la multiplication de concours au cours de leur cursus dont les coûts induits par leur préparation ont fait exploser le prix des études.
Alors que nombreux sont ceux qui parlent de la quasi-gratuité des études universitaires en France, la réalité est tout autre du fait des carences de l’encadrement et du suivi des étudiants, aggravées par les coupes budgétaires opérées dans le budget des universités par les derniers gouvernements. Ainsi, la plupart des étudiants sont poussés à s’inscrire dans des officines de préparation au concours de fin de 1ère année dont le coût moyen dépasse les 5 000 euros et atteint presque 7 000 euros à Paris.
À cela s’ajoute la proposition pour les lycéens de cours de préparation à la première année d’études de santé pour 2 000 euros en première puis 3 000 en terminale. Il existe même des préparations dites « année zéro », entre le lycée et l’université, qui peuvent monter à 10 000 euros. Bref, quand vous ajoutez les dépenses de la vie quotidienne, le coût de la première année dépasse les 20 000 euros. Mais il faut savoir que cela ne s’arrête pas à la première année et que cela se reproduit pour l’examen classant de fin de 6e année pour le choix des spécialités.
À partir de la 4e année, s’organise de nouveau un bachotage obligeant encore à un passage dans des prépas privées pour des coûts similaires. Cette situation rend impossible de pouvoir exercer un emploi étudiant pendant ses études, ce qui a pour conséquence que de nombreux jeunes, pourtant très motivés par les études de santé, renoncent car leurs parents ne pourront les financer et que la perspective d’un prêt étudiant légitimement en effraye beaucoup.
La première conséquence de cette situation est un allongement des études qui ont déjà été portées à 10 ans sans amélioration réelle de la qualité des médecins formés car la focalisation sur la préparation des concours leur fait souvent négliger leurs stages pratiques, élément essentiel de la formation. Mais le plus grave est une sélection sociale par l’argent qui aboutit à une sur-représentation des enfants issus des catégories sociales supérieures originaires des métropoles chez les futurs médecins, ce qui a notamment pour conséquence une forte réticence à aller ensuite travailler ailleurs que dans ces métropoles.
Cela constitue une des causes de la progression des déserts médicaux et d’une orientation vers les spécialités les moins contraignantes et les plus rémunératrices, au détriment notamment de la médecine générale. Il y a donc urgence à une réforme des études de médecine qui s’attaque à ces problèmes.