L’urgence pour la santé d’un nouveau gouvernement

Cette période de l’été est celle pendant laquelle se prépare le budget de la Sécurité sociale pour l’année suivante. Or les premiers éléments viennent d’être mis sur la table par l’administration sous les ordres du gouvernement toujours dirigé par Gabriel Attal. Dans la ligne de la logique financière de la nécessité de «  diminuer les dépenses  », encore réaffirmée par le ministre Bruno Lemaire, il est demandé un nouveau plan d’économie à la Sécurité sociale qui va continuer à aggraver le reste à charge des patients et à augmenter les primes des assurances complémentaires.

Cette logique politique a été rejetée par les Français·es lors des dernières élections et il y a donc urgence à ce que l’Assemblée nationale se mette au travail avec un nouveau gouvernement. En effet, la question n’est pas celle de savoir qui sera Premier ministre mais bien que les députés proposent d’autres solutions, notamment celles du groupe le plus important, à savoir celui du Nouveau Front Populaire. Ensuite les députés discuteront et voteront, ce qui permettra aux Français de juger sur pièce si les promesses faites pendant la campagne seront tenues.

En ce qui concerne la loi de finances de la Sécurité sociale, il est nécessaire de prendre notamment plusieurs mesures pour augmenter ses recettes. J’en cite trois que j’ai déjà exposées dans mes chroniques. Il s’agit de la fin des exonérations de cotisations sociales sur les rémunérations complémentaires, notamment les heures supplémentaires. Il est ainsi possible de récupérer immédiatement 12 milliards d’euros, soit l’équivalent de la totalité du «  déficit  » prévu de l’ensemble des branches de la Sécu. L’autre mesure immédiate pour l’hôpital est de supprimer un impôt injuste qui est la taxe sur les salaires qui représente plus de 5 milliards.

À cela peut s’ajouter la reprise totale de la dette des hôpitaux qui coûte 1 milliard par an d’intérêt au grand profit des banques. Chaque député devra bien choisir son vote car il sera sous le contrôle des salariés des hôpitaux et des assurés sociaux, donc de ses électeurs. Bien entendu, il nous sera avancé l’argument de la «  compétitivité  » des entreprises. Mais que représentent ces sommes par rapport aux bénéfices des seules entreprises du CAC 40 qui ont atteint la somme de 150 milliards en 2023.

Il faudra ensuite lancer le chantier des mesures qui devraient permettre à chacun d’avoir un médecin traitant, de ne plus avoir à subir des dépassements d’honoraires, d’avoir un hôpital de proximité avec notamment un service d’urgences ouvert 24 h sur 24. Le Nouveau Front Populaire, les syndicats de salariés, les associations qui se battent sur ces questions, ne manquent pas de propositions qui devront être débattues pour des décisions rapides, dans le cadre d’un équilibre entre les besoins des patients et les intérêts catégoriels des différents professionnels de santé. Mais des mesures peuvent être décidées rapidement comme la régulation de l’installation des médecins, le basculement progressif de l’exercice libéral vers un exercice salarié dans des centres de santé, l’instauration d’un moratoire sur les fermetures de lits et d’hôpitaux, un plan d’embauche massif dans les EHPAD…

La liste est longue et les urgences sont là. Alors au travail mesdames et messieurs les députés  ! Vos électeurs vous regardent et la démocratie veut que vous répondiez à leurs attentes sous leur contrôle très attentif.