La réponse est clairement non pour la Fédération régionale des agrobiologistes de Bretagne, dont l’argumentaire est relayé par les groupements d’agriculteur·ices bio en France. La météo pluvieuse du printemps 2024 a conduit à achalander les étals des supermarchés de tomates dites “bio”, en contradiction totale avec les principes de ce mode de culture écologique, mais avec l’aval du Conseil d’État depuis 2023.
Depuis 2019, les professionnel·les français·es, dont la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB), s’étaient mis d’accord pour restreindre la commercialisation de légumes produits sous serres chauffées. Iels justifiaient ce cadrage par les grands principes de l’agriculture biologique : saisonnalité, économie, durabilité, sobriété. Les cultures bio sous serres chauffées n’étaient pas interdites, mais leurs produits ne devaient pas arriver sur les étals avant le 1ᵉʳ mai. Tout le monde y gagnait, à commencer par les gastronomes : les tomates cultivées sous serres chauffées, même sans produits chimiques, ont tellement toujours le même goût et tellement toujours la même forme que c’en est effrayant…
En juin 2023, revirement : à force de pression, les coopératives légumières partisanes d’une industrialisation de la bio sont parvenues à leur fin et le Conseil d’État a abrogé la disposition interdisant la commercialisation des légumes bio cultivés sous serres chauffées avant le 1ᵉʳ mai. La raison ? Une distorsion de concurrence subie par les serristes face aux importations européennes ! Le chauffage des serres en bio et la vente des produits issus de ces cultures sans restriction sont donc redevenus possible.
Les serres chauffées en bio nient les grands principes de la BIO :
❌ elles ne respectent pas les cycles naturels de production, ni la saisonnalité
❌ elles n’utilisent pas de manière responsable les ressources énergétiques
❌ elles détériorent la fertilité des sols sur le long terme
❌ elles mettent en danger la biodiversité, la qualité de l’air
“Dérèglementer le chauffage des serres en bio vise simplement à satisfaire les impératifs économiques des coopératives de légumes intensives faisant perdre tout repère saisonnier aux consommateur·rices”, selon la FRAB, pour qui “l’arrivée massive de ces tomates produites sous serre chauffée provoque un effondrement du marché : la saison des tomates débute avec des prix très bas, non rémunérateurs et des difficultés à relancer les prix ensuite”.