La Nièvre, ce département de tiers-France…

Ce matin, 26 janvier 2023, un avion a atterri à Nevers avec des médecins à son bord  : 35 minutes de trajet depuis Dijon. Il s’agissait de combler médiatiquement le manque de personnel médical  : les médecins font l’aller-retour. Dans la septième puissance économique du monde, on utilise les méthodes des ONG qui soignent dans les pays les plus pauvres de la planète…

Vu l’état de délabrement des transports publics, particulièrement dans la Nièvre, les personnes venues à la demande de Denis Thuriot, maire macroniste de Nevers et président du Conseil d’administration de l’hôpital, ont donc emprunté le moyen de transport plus nocif pour l’environnement, alors que chacun sait que notre santé en dépend (et les trajets les plus courts sont les pires). Avant même d’avoir posé le pied à Nevers pour quelques chanceux patients pris en charge, l’opération aura contribué au désastre sanitaire et climatique. Le symbole est affligeant et l’opération scandaleuse  : le trajet en avion est de 35 minutes, mais de porte à porte, le trajet total n’est pas éloigné de celui d’une voiture. Pendant que dure le cirque médiatique aux frais des usagers, dans le département, des milliers de personnes n’ont même plus de médecin traitant.

Comment a-t-on pu en arriver là  ? Les raisons sont connues. D’économies imposées pour combler un pseudo trou de la Sécu en allègements de cotisations (surtout pour des entreprises aux profits déjà démesurés), en passant par les salaires misérables du personnel soignant hospitalier et des conditions de travail inadmissibles pour tou.tes qui ont dégoûté des dizaines de milliers de personnes de poursuivre leur carrière, le système de santé français a été méthodiquement démoli depuis plus de dix ans.

Ce n’est pas au niveau de la mairie de Nevers que les choses se décident, mais au Parlement, qui a adopté le 2 décembre dernier (en utilisant l’article 49.3 pour la septième fois), un budget de la Sécurité sociale avec… une quatrième année de stage en médecine générale «  en priorité  » dans les déserts médicaux  ! Qui peut croire un instant que les futurs stagiaires, parmi des médecins déjà trop peu nombreux à être formés, vont rester dans des territoires ruraux où c’est l’ensemble des Services publics (de l’éducation, de la poste, des impôts, de la culture) qui est démoli  ?

L’urgence, c’est de revoir ce budget en allouant des moyens massifs au système hospitalier et redonner envie aux soignants de revenir travailler (y compris ceux écartés pendant la crise du COVID), plutôt que faire autre chose ou partir à l’étranger.

Pour la suite, la santé étant un besoin essentiel de la population, il faut former massivement de nouveaux soignants et planifier leur déploiement sur le territoire, y compris les praticiens libéraux. Ce ne sera possible qu’en augmentant les places dans les universités (sans quoi abolir le numerus clausus ne sert à rien) et en rémunérant les étudiants avec, en contrepartie, une affectation là où la population en a le plus besoin.