Huit arrêtés d’autorisation de chasse au renard annulés dans la Nièvre

Les renards dont le préfet de la Nièvre avait autorisé la chasse en août 2022 ont sûrement déjà été tués depuis, mais la décision du tribunal administratif de Dijon, rendue ce 16 janvier, laisse une chance à ceux qui ont survécu. Les arrêtés du préfet étaient illégaux. Ce jugement donne des ailes aux associations de défense des goupils tués chaque année par milliers dans ce département alors que leur utilité (si tant est qu’il faille absolument être utile pour vivre…) est démontrée de longue date.

Le temps où les affirmations des chasseurs suffisaient pour qu’ils soient autorisés à tuer des renards pourrait bien être révolu. Le préfet de la Nièvre avait trouvé normal de signer huit arrêtés pour autoriser des battues nocturnes dans vingt communes sans qu’il y ait eu de dégâts aux activités humaines, ni que les chasseurs apportent un quelconque élément sur l’évolution de la population de renards et les incidences sur la prédation du petit gibier. Alors que chaque année dans la Nièvre, 14 000 à 19 000 faisans et 12 000 à 19 000 perdrix sont tués par les chasseurs, on leur octroyait tranquillement le droit d’éradiquer une supposée concurrence…

Les communes concernées par les arrêtés préfectoraux annulés  :
Alluy, Anthien, Alligny-Cosnes, Asnan, Beaumont-Sardolles, Béard, Chatillon-en-Bazois, Chaumot, Chitry-les-Mines, Corbigny, Druy-Parigny, Grenois, Limon, Lormes, Magny, Moissy-Moulinot, Myennes, Pazy, Ruage, Sougy-sur-Loire,Taconnay, St Benin d’Azy, Talon.

Le jugement du tribunal administratif de Dijon est limpide  : il a donné raison aux associations associations AVES France, Loire Vivante Nièvre-Allier-Cher et One Voice qui avaient attaqué les arrêtés. Pour AVES, ce jugement démontre que les chasseurs, autoproclamés «  les “premiers protecteurs de la nature” de France (et de la Nièvre) sont eux-mêmes la première cause de déséquilibre des relations prédateurs-proies, et même de la biodiversité  ».

En effet, selon One Voice, «  derrière l’objectif affiché de la protection de la faune et de la flore, ces autorisations de tuer étaient en fait destinées à “protéger” les faisans et perdrix… achetés à des élevages et relâchés pour être tués quelques jours plus tard  »  ! Pas grand chose de naturel, en effet.

Tous les chasseurs sont-ils d’accord avec les promoteurs du massacre des renards  ? Peut-être pas. De même que tous les agriculteurs ne militent pas à la FNSEA (c’est juste que la Confédération paysanne est invisibilisée par les médias et “oubliée” régulièrement d’être invitée par les ministres), tous les chasseurs ne sont pas d’accord avec l’attitude de la Fédération, ni avec les prises de positions, y compris politiques, de son président  : après un soutien “dès le premier tour” à Macron pour la présidentielle, Willy Schraen a pris la tête d’une liste pour les européennes, “Alliance rurale”, créditée de moins de 1  % des voix… Il a remporté tellement de succès que les désertions se multiplient parmi les personnes pressenties pour figurer sur la liste.

Il est vrai que la violence du débat sur la chasse n’aide pas. Pourtant, les chasseurs pourraient effectivement être les alliés de la restauration de biodiversité. En forêt, par exemple, les ongulés (chevreuils, cerfs…) sont tellement nombreux que, dans beaucoup de massifs, les pousses d’arbres sont toutes mangées, ce qui met évidemment en péril la régénération d’écosystèmes meurtris par l’industrialisation et le réchauffement climatique. C’est peut-être là, sur le sujet forestier, que pourrait commencer le dialogue.

Le texte complet du jugement